Quand l’art et le patrimoine basculent en numérique...

25/4/20

Actualités

Avec la situation de confinement en France (tout comme à l’étranger), chacun a dû s’adapter à un nouveau mode de vie temporaire, en mettant à mal ses habitudes quotidiennes. Certains loisirs ont évolué, comme c’est le cas des amateurs de visites culturelles et patrimoniales. En effet, les musées et les monuments historiques sont tout logiquement fermés. Cependant, un bon nombre d’institutions tout comme des artistes et des influenceurs ont fait en sorte de ne pas laisser les passionnés en reste, et ont contribué à rendre leur confinement meilleur. Ils se sont pour cela servis du numérique.

Commençons par aborder le milieu du patrimoine. Ce n’est un secret pour personne, l’année 2020 s’annonce particulièrement compliquée pour le tourisme. Les sites patrimoniaux ont dû fermer leurs portes physiquement parlant, mais il est toutefois encore possible d’en visiter certains. Comment, nous demanderez-vous? Un grand nombre de visites virtuelles de monuments historiques s’observent sur Internet, y compris sur les réseaux sociaux.

Des monuments historiques ou bien même des sites touristiques ouvrent virtuellement leurs portes au public. Pour une partie d’entre eux, c’était déjà le cas, cette pratique existant déjà depuis un moment. C’est toutefois en ces jours-ci qu’elle a le plus de visibilité. Il est ici question de monuments de toutes grandeurs et toutes importances. Cela va du tombeau de Ramsès VI (ajoutant des petites particularités comme la possibilité de tout mesurer), du château de Versailles, de la grotte de Lascaux, ou bien encore du Macchu Picchu, à des sites bien plus locaux.

Parmi les grands acteurs du milieu patrimonial français se trouve le Centre des Monuments Nationaux, propriétaire de nombreux lieux à travers le pays. Le ministère de la Culture a lancé le Hashtag #CultureChezNous, et le C.M.N. s’y est prêté volontiers. Un grand nombre de leurs monuments sont proposés à la visite en Haute Définition (château de Pierrefonds, appartements de la Duchesse de l’Hôtel de Sully, Grotte de Font-de-Gaume).

C’est aussi le cas de plusieurs sites touristiques du département des Pyrénées-Orientales, qui sont en visite virtuelle par le biais de la page « Visitez le pays catalan ». La page a proposé un lieu par jour, avec une visite dans laquelle il est possible de se déplacer d’un endroit prédéfini à un autre, mais en choisissant tout de même la direction dans laquelle nous souhaitons aller. Même le sens de visite peut être précisé afin de permettre d’en profiter dans les meilleures conditions ! De quoi égayer le confinement de ceux qui connaissent les lieux, mais aussi de donner envie à d’autres de venir les voir plus tard de façon physique. L’intérêt est donc double, à la fois pour cette page qui permet aux Internautes de s’évader et qui gagne en popularité, mais aussi pour les sites concernés qui s’offrent une belle vitrine promotionnelle.

Cette adaptation ne touche pas que le milieu du patrimoine, mais aussi le milieu artistique.

Les institutions muséales doivent elles aussi s’adapter. Nous sommes bien placés en France pour savoir le nombre de visiteurs que peut brasser un musée. En effet, il suffit d’un tour dans l’un des grands musées du pays : le Louvre à Paris, les Confluences à Lyon, etc., afin de s’en rendre compte. Une partie des musée passe désormais par le numérique, et il est possible d’en visiter certains en ligne. Au même titre que pour les sites du patrimoine, ceci n’est pas forcément nouveau et beaucoup de visites en ligne existaient déjà auparavant. Mais l’intérêt de ces visites n’en est ces jours-ci que plus grand! On peut notamment citer en France le “Louvre chez vous” (#LouvreChezVous) qui permet de découvrir sur son site des collections et des contenus ludiques, mais aussi les visites en ligne proposées par le plus célèbre des musées français. À l’étranger, parlons du Metropolitam Museum (avec le “Met 360° Project”) à New-York, ou encore du musée Van Gogh à Amsterdam. Beaucoup d’amateurs d’art ont pu y trouver une certaine évasion, un certain goût du voyage assouvi virtuellement.

L’une des autres thématiques fortes de ce confinement est celle des réseaux sociaux, et du rôle qu’ils peuvent jouer en des jours tels que ceux que nous connaissons. Et bien entendu, le milieu du patrimoine et de l’art n’a pas hésité à s’y pencher plus encore, à raison. Observons-en quelques exemples.

Commençons par parler des institutions en elles-mêmes. Celles-ci n’hésitent pas à rendre plus attractifs encore qu’à leur habitude leurs réseaux sociaux. Nous avons déjà parlé du Centre des Monuments Nationaux, reparlons-en. Tous les jours, à partir de 17h et pour une heure, ceux-ci proposent une découverte historique, architecturale ou artistique. Sur Twitter, par le biais de #UnJourUnThread, ils postent quotidiennement la photo d’un monument national.

Des monuments extérieurs au C.M.N. ou des musées ont aussi rejoint le mouvement. On peut notamment citer le château de Chambord qui, sur son Instagram, propose de faire depuis chez soi « des jeux et des activités (…) avec Chambord ». Certains autres montrent par leurs moyens leur solidarité, comme le Château de Vaux-le-Vicomte qui a publié sur Instagram une photo de remerciement adressée aux personnels soignants. Au niveau muséal, c’est par exemple le cas du Musée Rodin Paris et de son Instagram, #Rodinenquarantaine, qui présente la vie du célèbre sculpteur au travers de photographies. Plus original encore, plusieurs musées (dont le Musée Delacroix et le Palais des Beaux-Arts de Lille), se servent de leurs œuvres afin de parler des gestes barrières et proposer des activités.

Outre les institutions, des personnes, qu’elles soient célèbres ou non, contribuent à continuer de faire vivre le milieu artistique en l’offrant aux Français confinés. Parmi eux, on peut notamment citer les lives sur le compte Instagram de Yoyo Maeght, éditrice, galeristes et commissaire d’exposition française. Depuis le 8 avril, elle propose quotidiennement à 14h30, depuis son domicile, des vidéos destinées à ses followers. Jeudi 23 avril, son live a notamment été suivi par plus de 250 personnes ! Elle y parle de « l’aventure Maeght », qui a conduit à la naissance de la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence.

Ce succès est donc important, mais n’oublions pas de préciser qu’il n’existerait pas sans tous ces passionné(e)s d’art et de patrimoine. Ceux-ci sont nombreux, et après tout, l’art et le patrimoine permettent de voir un peu d’humanité en ces jours sombres. Pour eux, comme pour Margaux T. et Pauline T. (influenceuse artistique sous le pseudonyme de Pauline Raconte l’Art) qui nous ont permis témoignages et informations, cette évasion artistique est essentielle.

Mais ce qui est tout aussi intéressant est sans nul doute le rapport augmenté à l’Internet pour ces professions. Celles-ci s’y étaient déjà tournées auparavant, le Net étant un très bon moyen de communication. Comme pour beaucoup d’autres secteurs, cette communication s’est amplifiée depuis le 17 mars et le début du confinement en France, et il y a fort à parier que les liens entre le numérique et les métiers de l’art et du patrimoine ne vont faire que grandir. Peut-être même que certaines de ces « nouveautés numériques confinement » perdureront ensuite… Qui sait ?

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