Facebook intègre le “blackface” et des contenus antisémites aux contenus interdits

21/8/20

Actualités

Facebook est en ce moment au coeur d’une campagne à son encontre selon laquelle le réseau social américain laisse trop d’incitation à la haine passer sur ses différentes pages (nous en avions parlé dans un précédent article). Le géant tente alors de montrer patte blanche et d’améliorer son image face à ces accusations. Comme l’explique le site américain The Verge : “Le réseau social tient (...) une liste détaillée des contenus interdits (...) et des caractéristiques protégées (...) pour rappeler aux utilisateurs ce qui n’est pas autorisé”. C’est en lien à cela que les “blackfaces” et certains stéréotypes antisémites ont été ajoutés récemment aux contenus explicites interdits.

Depuis mardi 11 août, le “blackface” est désormais interdit sur Facebook. Mais qu’est-ce que le blackface? Revenons aux origines de la pratique et du terme. Ce terme est initialement théâtral, mais a désormais un autre sens. Il s’agit désormais de la pratique consistant à se maquiller en une personne à la peau plus foncée que la sienne, ce qui amène les pires détournements. L’objectif de base était au XIXe siècle de tourner en ridicule les personnes noires afin d’amuser celles de peau blanche au cours de spectacles avec chants, danses, musiques et scènes comiques nommés les Minstrel Show. Cela est ensuite devenu relativement courant dans les vaudevilles avec là-encore un objectif de tourner en ridicule les personnes de couleur par des comédiens blancs de peau. Le succès a été tel que des caricatures blackfaces sont devenues de véritables stars comme “Jump Jim Crow”, une parodie des esclaves noires reproduisant une soit-disant danse africaine traditionnelle, interprétée par Thomas Rice, un acteur blanc.

Le XIXe siècle est une autre époque et désormais cela n’a plus de raison d’être dans notre monde actuel. La pratique est à juste titre vue comme raciste dans bon nombre de pays. Précisons cependant qu’en France, cela est toujours vu par certains (sans se permettre ici de parler de majorité ou de minorité) comme quelque chose d’humoristique ou pouvant faire office d’hommage (cela s’est récemment vu avec celui du footballeur Antoine Griezmann). Au niveau mondial, c’est Kim Kardashian qui avait été critiquée pour avoir posé en une d’un grand magazine avec une peau plus foncée que la sienne, faisant fortement penser à Whitney Houston.

C’est à ce type de ce contenu que s’attaque donc le réseau social. Cependant, toute photo en contenant une ne sera pas forcément bannie de Facebook. Pour des raisons d’intérêt public, il vous sera toujours possible de poster la photo d’une célébrité, politique par exemple, ayant eu ce type de pratique par le passé. La directrice de la politique des contenus de Facebook, Monika Bickert, explique que l’“on peut également imaginer qu’il pourrait y avoir des circonstances dans lesquelles quelqu’un pourrait partager des images avec un blackface, sans que ce soit fait pour des raisons haineuses”.

Autre annonce de Facebook, celle de bannir les contenus laissant à penser que “les personnes juives contrôlent le monde, et ou des institutions majeures comme les médias, l’économie ou le gouvernement”.

Monika Bickert a expliqué lors d’une conférence de presse téléphonique : “Ce genre de contenus est toujours allé à l’encontre de l’esprit de nos politiques en matière de discours incitant à la haine, mais il peut être très compliqué de prendre ces concepts et de les définir de manière à permettre à nos modérateurs situés partout dans le monde d’identifier ces violations de façon cohérente et équitable”.

Facebook annonce par ailleurs avoir supprimé 22.5 millions de publications entre avril et juin 2020, contre 9.6 millions au trimestre précédent. Les outils de détection automatiques ont été améliorés, et des langues ont été ajoutées afin de mieux détecter ces contenus indésirables. Selon Facebook, 95% de ces contenus sont désormais détectés.

Rappelons que ceci intervient dans un contexte de conflit avec les annonceurs de beaucoup de grandes marques qui ont retiré leurs marques publicités de Facebook, ce qui a obligé le géant américain à réfléchir au sujet de ces fameux contenus. Le mouvement “Black Lives Matter” aura donc eu une influence très importante y compris au niveau du numérique.

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